
L’origine du jouet : entre pédagogie et divertissement
Les jouets accompagnent l’humanité depuis des milliers d’années. Dès l’Antiquité, ils jouent un rôle central, notamment pour le développement de l’enfant. Dans un contexte éducatif, les jouets sont souvent des répliques miniatures du monde adulte – comme les maisons de poupées ou les petites voitures. Ces jouets visent à renforcer l’identité de l’enfant, à l’aider à explorer son environnement, et à fixer ses propres règles.
À côté des jouets, les jeux eux-mêmes répondent à un besoin distinct. Ils suivent une règle, que les enfants doivent respecter pour jouer. Ils leur apprennent ainsi discipline et logique, favorisant le développement intellectuel tout en permettant un plaisir partagé. Les jeux comme les échecs, par exemple, développent les capacités cognitives tout en initiant les enfants à la compétition ou à la patience.
Les types de jeux dans l’antiquité
Les jeux anciens sont généralement classés en quatre catégories :
- Ago : Ces jeux basés sur la compétition, comme la course à pied, encouragent le dépassement de soi.
- Aléa : Les jeux de chance, tels que les dés, permettent aux joueurs de miser sur la fortune.
- Minieri : Ce sont des jeux d’imitation, comme le mime, qui favorisent l’expression personnelle.
- Ilinx : Ces jeux de vertige impliquent souvent un risque contrôlé et une dose d’adrénaline.
Ces catégories montrent comment, dès l’Antiquité, les jeux répondent à divers besoins humains – de la compétition au hasard, en passant par l’illusion et l’excitation.
Jouets des premiers âges
Les jouets pour jeunes enfants sont intemporels. Le hochet, par exemple, existe depuis l’Égypte antique : fabriqué à partir de coquilles de noix, il émet un son pour éloigner le mal. Au Moyen Âge, les hochets étaient fabriqués avec des clochettes porte-bonheur. Par la suite, au XVIIe siècle, on les orne de détails artistiques, et les hochets deviennent des objets de luxe pour les enfants des élites. Dans les années 1800, des matériaux modernes comme le celluloïd remplacent les anciens, rendant les hochets plus accessibles.
Les jouets à traîner, tels que les animaux sur roulettes, apparaissent également dans de nombreuses cultures. Des chevaux sur roulettes en terre cuite rappellent même le fameux cheval de Troie. Les ours en peluche, popularisés par la marque Steiff, et les poupées illustrent un développement artistique et affectif du jouet, tout comme les jouets musicaux qui, avec leurs airs familiers, permettent de raconter des histoires.
Le rôle éducatif des jouets au XIXe siècle
Au XIXe siècle, le pédagogue Friedrich Froebel introduit un système éducatif révolutionnaire pour évaluer la maturité des enfants. Il utilise des formes géométriques en bois – cubes, triangles – pour mesurer la progression intellectuelle de l’enfant. Ce modèle éducatif inspirera plus tard d’autres systèmes pédagogiques, comme ceux de l’éditeur Nathan et de Maria Montessori, qui sont encore populaires aujourd’hui.
Les jeux et jouets de plein air, tels que le diabolo et le bilboquet, deviennent également populaires. Ces jeux, qui demandent de l’adresse et de la coordination, sont appréciés aussi bien des enfants que des adultes dans les cours royales, où certains objets en ivoire deviennent de véritables œuvres d’art. Le jeu de la toupie, très ancien, traverse aussi les siècles et les cultures grâce à sa simplicité.
Les jeux de table : entre compétition et réflexion
Les jeux de table ont une longue histoire. Le Méhen, un jeu égyptien en forme de serpent, rappelle le jeu de l’oie, tandis que les échecs, d’origine indienne, se diffusent en Europe dès le IXe siècle. D’abord réservés à l’élite, ces jeux finissent par être appréciés du grand public. Au XVe siècle, William Caxton formalise les premières règles des échecs. Aujourd’hui, ce jeu, comme les dames et le backgammon, reste un classique du divertissement réfléchi.

Les jeux de cartes, introduits en Europe au XIIIe siècle, connaissent également un grand succès, et leur popularité explose avec l’imprimerie au XVe siècle. Différentes variantes de jeux de cartes émergent dans chaque région, renforçant leur ancrage dans la culture populaire.
Jouets miniatures et figurines au XIXe siècle
Au XIXe siècle, la Forêt Noire devient un centre de production de figurines miniatures en bois. Finement sculptées et peintes, ces petites œuvres d’art jouissent d’une renommée internationale. En France, des artisans du Jura et des Vosges fabriquent aussi des figurines, mais celles-ci restent davantage locales et moins prestigieuses.
Les figurines militaires, en bois, plomb, ou métal, se développent également comme moyen d’apprentissage de la guerre pour les enfants. Elles jouent un rôle dans la propagande et l’identité nationale. Les figurines en plomb, d’abord plates et fabriquées en Allemagne, évolueront vers des formes en demi-ronde et même en 3D. Le Britannique Britains invente une technique pour produire des figurines en plomb creuses, les rendant plus économiques bien que plus fragiles.
Les innovations scientifiques appliquées aux jouets
Au début du XXe siècle, l’opticien Radiguet introduit des jouets scientifiques fonctionnant à la vapeur. Ces jouets incarnent les progrès technologiques et leur application ludique. Inspirés par les premières théories sur la projection optique de Roger Bacon et Léonard de Vinci, les jouets liés au cinéma émergent également. Parmi eux, le praxinoscope, inventé par Emile Reynaud, révolutionne le monde de l’animation. D’autres dispositifs comme la lanterne magique permettent d’afficher des images en mouvement, fascinant petits et grands.
L’essor des automates au XIXe siècle
L’industrialisation permet la production d’automates, des objets de luxe prisés par la bourgeoisie. Ces mécanismes sophistiqués, souvent faits de métal et de bois, imitent des scènes de la vie quotidienne ou représentent des métiers typiques. Plus tard, des automates moins chers, tels que ceux de la marque française Martin, se démocratisent. Fabriquant des jouets accessibles à tous, Fernand Martin produit plus de 800 000 jouets en quelques années. Les modèles allemands imitent rapidement ce succès.
L’impact de l’industrialisation sur le jouet
L’ère industrielle transforme l’univers des jouets. Les matériaux se diversifient, et des jouets issus de nouvelles techniques voient le jour, comme les figurines en plastique. Les entreprises de jouets se spécialisent, et certains jouets, autrefois artisanaux, deviennent des objets de production de masse. Le jouet cesse progressivement d’être un bien rare ou exclusif, pour devenir un élément du quotidien de l’enfance dans toutes les couches sociales.
Ainsi, l’histoire des jouets, riche en évolution, reflète des changements profonds dans la société. Leur fonction éducative, leur impact culturel, et leur accessibilité témoignent de leur place essentielle dans le développement de l’enfant, de génération en génération.