Le dessin, un art aux multiples facettes, propose des techniques variées allant des matériaux secs aux techniques humides en passant par des approches colorées. Ces procédés permettent aux artistes d’explorer une gamme d’effets visuels, chacun avec des caractéristiques uniques et des exigences spécifiques en matière de support et de technique.
Les Techniques Sèches
A. Le Stylet
Le stylet est une technique de dessin préparatoire qui marque le papier sans y déposer de matière. En incisant délicatement le support, il laisse des lignes fines qui offrent une base pour des œuvres plus abouties.
B. Les Pointes Métalliques
Les pointes métalliques, populaires dès la fin du XVe siècle, utilisent du métal pour tracer des lignes sur le support. Cette technique, documentée par l’artiste florentin Cellini dans Libro del Arte, se divise en plusieurs variantes.
- La Pointe de Plomb
Utilisée dès le XVe siècle pour ses esquisses, la pointe de plomb est un outil robuste, dont le trait gris foncé et légèrement gras est bien visible. Le plomb, bien que mou, est souvent allié à d’autres métaux pour renforcer sa dureté. Cette technique est appréciée pour sa douceur et son tracé large, mais est sensible aux frottements, ce qui rend les dessins fragiles. - La Pointe d’Argent
Un mélange de cuivre et d’argent laisse une ligne fine et précise de couleur gris clair, qui brunira avec le temps. Très en vogue aux XIVe et XVe siècles en Italie, notamment dans le cercle de Léonard de Vinci et d’artistes nordiques comme Dürer, elle requiert une préparation préalable du support, comme un papier coloré avec un liant et une couche pigmentée. Cette technique permet des dessins d’une grande finesse.
C. Les Pierres
Utilisées naturellement ou sous forme synthétisée dès le XVIIIe siècle, les pierres ne nécessitent pas de préparation particulière. Elles sont populaires pour des dessins préparatoires ou des œuvres ambitieuses.
- La Pierre Noire
Ce schiste argileux riche en carbone produit des tons noirs intenses. La pierre noire, souvent appliquée sur un papier texturé pour mieux adhérer, a été largement adoptée par les artistes italiens dès le XVIe siècle. Elle permet un rendu varié allant de tons gris soutenus aux noirs profonds, favorisant les nuances du modelé anatomique. - La Sanguine
Composée d’argile ferrugineuse, la sanguine produit des teintes allant du rouge orangé au rouge violacé. Utilisée du XVIe au XVIIIe siècle pour les esquisses et les études anatomiques, elle est stable mais très sensible aux frottements. Cette technique lumineuse, prisée en France par Fragonard et Robert, permet des effets de lavis en ajoutant de l’eau pour varier les textures. - La Craie Blanche
Extraite de carbonate de calcium, de gypse ou d’autres matériaux crayeux, la craie blanche est utilisée pour rehausser les lumières. Assez stable mais sensible à l’humidité, elle donne un aspect lumineux lorsqu’elle est appliquée sur un papier contrasté, comme un papier bleu. - La Technique aux Trois Crayons
Cette technique combine la pierre noire, la sanguine, et la craie blanche, offrant une large gamme de nuances. Adoptée par des artistes comme Watteau, elle permet des transitions subtiles entre les tons et un travail de modelé très nuancé.


D. Le Graphite
Le graphite, utilisé en Europe dès le XVIe siècle, produit un tracé gris brillant et métallique. Il s’applique aisément sans préparation préalable et est très modulable grâce aux gommes et autres outils. Bien qu’on l’ait appelé “mine de plomb” au XIXe siècle, son appellation moderne reste graphite.
E. Le Fusain
Le fusain, bâtonnet de charbon de bois, est populaire pour les grands formats. Utilisé dès la Renaissance, il permet de travailler les ombres et les lumières en créant des effets d’aplats ou de textures proches de la fumée. Il est facilement estompé, gommé et peut être fixé pour éviter de s’effacer.
Les Techniques Humides
A. Les Encres
Les encres, dont la couleur varie selon les ingrédients et la dilution, peuvent se travailler à la plume ou en lavis.
- Les Encres Noires
Réalisées à base de noir de fumée ou de matériaux métallogalliques, elles évoluent avec le temps, certaines passant du noir au brun. Les encres métallogalliques, par exemple, subissent une corrosion qui peut créer des trous dans le papier. - Les Encres Brunes
Composées de suie (pour le bistre) ou d’encre de seiche (pour le sépia), elles produisent des tons bruns chaleureux ou violets. Le sépia, moins courant en raison de sa difficulté de manipulation, offre un rendu sombre et opaque.
Les Techniques Colorées
A. La Gouache
Composée de pigments et d’une charge minérale, la gouache est opaque et adaptée aux petits formats. Elle permet des rehauts de couleur et un effet mat, souvent utilisé pour de petits formats graphiques ou des illustrations.
B. L’Aquarelle
Technique lumineuse et transparente, l’aquarelle utilise des pigments dilués dans l’eau et de la gomme arabique pour assurer l’uniformité et la fixation. Cette technique, nécessitant souvent du papier blanc traité pour empêcher la pénétration trop profonde des pigments, est prisée pour ses dégradés subtils et ses jeux de transparence.
C. Le Pastel
Composé de pigments, de charge et de liant, le pastel offre une texture douce et poudrée. Utilisé dès le XVIe siècle, il est apprécié pour son aspect brillant et lumineux. La fragilité du pastel impose un support granuleux ou une préparation spécifique et, bien que certains artistes évitent le fixatif pour préserver la couleur, celui-ci demeure une option pour la stabilisation.
En conclusion, la diversité des techniques de dessin, qu’elles soient sèches, humides ou colorées, permet aux artistes d’explorer différents rendus, du tracé précis aux jeux de lumière et d’ombres. Chacune de ces méthodes a marqué l’histoire de l’art, offrant une palette de styles et de textures pour donner vie aux œuvres graphiques.